corps grâce à une "bouteille explosive". Il espère ainsi déclencher une guerre de succession entre les aspirants au pouvoir. Mais l'Intendant le contraint à entrer à son service avec ses inventions. L'oppression sur le quartier atteint son apogée. Quand Arafa veut s'enfuir, il est trop tard, le piège se referme sur lui...
Ainsi, à la fin du roman: «La peur et la haine s'appesantirent à nouveau sur le quartier ; mais tous supportaient les exactions avec courage et opiniâtreté, confiants dans l'avenir. Patience, disaient-ils. Tout a une fin, même l'oppression ! Le soleil finira bien par se lever, et nous verrons la chute du tyran : l'aube viendra pleine de lumière et de merveilles…»
• Un roman victime de la censure
On y a vu– à tort– une critique du régime de Nasser. Mahfouz s'était réjoui de la révolution de juillet 1952 conduisant Nasser au pouvoir avant d'être en effet déçu par la République faute de démocratie et de justice sociale. Mais d'autres ouvrages, plus tard, seront consacrés à cette critique de manière explicite.
Si "Les fils de la médina" a été censuré au Caire, c'est à cause des allusions à toutes les religions du Livre que l'on peut lire comme autant de flèches acides. D'abord, il y a la forme: 5 parties comme le Pentateuque et 114 chapitres comme autant de sourates du Coran. Surtout, il est facile de voir l'ironie d'un libre-penseur dans cette manière d'envelopper l'histoire de l'humanité dans cette série d'espérances qui tournent au cauchemar après un bref triomphe. Adam, Moïse, Jésus, Mahomet se sont succédé en vain. Le lecteur repère en effet, dans chaque aventure, des éléments caractéristiques de ces personnages sacrés. Mahomet apparaît comme le dernier prophète capable de soulever les foules; mais après lui le quartier retombe dans l'oppression et l'injustice. Avec Arafa, incarnation de la science moderne, c'est la mort de Dieu qui est mise en scène («Gabalawi est mort!»)
Les docteurs de l’université d'Al Azhar ont interdit ce livre jugé blasphématoire. Quand l'auteur reçut le Nobel en 1988, le président Moubarak, à ce qu'on dit, voulut lever cette interdiction. Or, Mahfouz préféra éviter la republication car le fanatisme avait beaucoup progressé par rapport aux premières années du pouvoir nassérien ! Cette prudence n'empêcha pas une tentative d’assassinat à l’arme blanche (octobre 1994) perpétrée par deux jeunes fanatiques qui ont reconnu au procès ne pas avoir lu une seule ligne de cette œuvre dans laquelle je verrais bien "le grand roman arabe" contemporain. Blessé à la main, Mahfouz fut pour le reste de ses jours obligé de dicter ses textes.
وثم مقال آخر بعنوان " Islam. Les dix livres maudits" فى موقع " www.telquel-online" بقلم Abdellah Tourabi et Youssef Mahla أنقل منه السطور التالية عن "أولاد حارتنا"، وهى تؤكد صحة ما قلناه وقاله كثير من الكتاب والنقاد منذ بداية ظهور الرواية، ومنهم محفوظ ذاته، من أن الرواية إنما تحكى قصة الخلق والنبوات، وتدور حول الذات الإلهية وآدم وحواء وإبليس والملائكة وموسى وعيسى ومحمد: "" Les Fils de la Médina" a la force de la légende, de la Création, de quatre personnages qui personnifient la force, la morale communautaire, la charité et la recherche alchimique, la "magie", cette science qui tuera le héros fondateur. On y voit l’ombre des grands prophètes, Moïse, Jésus et Mohamed et le spectre Nietschéen de la mort de Dieu".
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